Au gré des inondations, les moines cisterciens ont acquis une grande maîtrise des questions hydrauliques. La visite de l’abbaye de Royaumont, à quelques kilomètres de Chantilly, débute avec un commentaire de circonstance. La météo pose 50 nuances de gris sur ce domaine d’anciens marais. La pluie menace. Le parc et les trois jardins rétorquent en étalant une palette de verts intenses. Espoir de lumière. Voilà pour les couleurs. Côté bande-son, point de chants religieux. Les cris des oies sur l’étang répondent aux bruit des marteaux piqueurs ou non. Car l’Abbaye fondée par Louis IX, futur Saint-Louis, en 1228 est en travaux depuis décembre.
Classée monument historique en 1927, sa rénovation réclamait un maître. C’est donc l’architecte en chef des Monuments Historiques, François Chatillon, qui fut désigné pour superviser le chantier dont le coût s’élève à 6 millions d’euros et qui se concentre sur la partie hôtelière de l’espace: le bâtiment des Moines. Les transformations ont débuté après deux ans d’études et se termineront fin juin. Soit six mois d’intense travail focalisé sur six points et monopolisant une cinquantaine d’ouvriers.
Magnifier les lieux
Le plus impressionnant est la réfection de la toiture. Pour couvrir les deux pentes de 70 /11 mètres chacune, il aura fallu 120 palettes contenant 700 tuiles par paquet. Faites le calcul ! Les tuiles sont de cinq sortes dont une de bois. En tournant les yeux de la charpente vers le paysage, on découvre le domaine et ses 7 ha nichés au coeur du parc régional de l’Oise. Un bijou.
Un ascenseur a été installé pour faciliter les visites les personnes handicapées. Durant la XIXème siècle. le Domaine s’est ouvert à la culture. Depuis, il accueille des intellectuels et des artistes de renom pour des rencontres-débats. Des danseurs et des chanteurs résidants offrent des spectacles d’avant garde ou de facture classique. L’accueil des touristes-visiteurs doit donc se montrer à la hauteur.
Les cuisines qui servent aux résidants et aux manifestations ont ainsi été transformées, alors qu’un nouvel espace de stockage des équipements artistiques a vu le jour.
Un système de chauffage par le sol à été installé. La magnifique salle de réception en bénéficie. On apprécie d’autant plus l’espace de 535 mètres sous 9 de voûtes, les vitraux du XIXème siècle, le sol composé de 44 000 pièces assemblées selon une technique du XIIIème siècle.
Le bâtiment des Moines dont l’architecture varie entre vestiges du XIIIème siècle et néo-gothique a fait l’objet d’une rénovation pointue de sa façade et de ses contreforts. Objectif des architectes : non pas revenir au Moyen-Âge mais magnifier les espaces.
Les intérieurs hébergent une bibliothèque musicale d’une grande richesse, la bibliothèque François Lang, comprenant des études et des notes authentiques sur les partitions. À noter aussi : une pièce dans les combles baignée par une lumière de vitraux pour les répétitions et une salle de spectacle voûtée donnant sur les jardins. On y admire la tapisserie hypnotique d’une Vierge moyenâgeuse.
Jardins et conversations
Les extérieurs ont été revisités avant « la grande restauration » de 2015-2016. Les amateurs peuvent se promener dans le parc paysager du XIXème et ses canaux cisterciens.
Autres sources de détente et de découverte botanique : les trois jardins.
Le jardin du cloître attire les inconditionnels de plantes médicinales aux parfums aromatiques.
« Le potager-jardin allégorique contemporain » fait la part belle aux légumes anciens qui poussent librement et dont on peut suivre le cycle « de la graine à la graine ».
« Le jardin des 9 cartes » accueille tous les trois ans une exposition de plantes autour de rencontres dédiées ou libres.
Les 2 et 3 juillet s’ouvrira « Entre Orient et Occident, le voyage des plantes au Moyen-Âge« . L’exposition a été pensée et plantée par la designer-jardinière-paysagiste Edith Vallet, qui vit sur place, et son partenaire Olivier Damée.
On a hâte !
Abbaye de Royaumont http://www.royaumont.com