Pour le lancement de son dernier parfum, Hyperbole, Courrèges a fait de son show room parisien un fumoir d’essences. Le tabac, qui imprègne les languettes, diffuse son pouvoir addictif. L’accord premier, lourd, capiteux, est suivi par le poivre pour une célébration épicée. Les notes originellement masculines sont domptées par la vanille, la fève tonka et la patchouli. Courrèges a voulu un « tabac au féminin ».
L’environnement renforce le caractère bipolaire du parfum. Signature flashy de la Maison avec le blanc et le métal, de longues bandes oranges sillonnent les murs et le sol du show room. On est dans la verticalité, le pop, le féminin. Sur l’affiche publicitaire rayonne un mannequin noir ébène, clin d’oeil aux années 80 et à l’une de ses reines, Grace Jones. Le film de promotion enchaîne les gestes de célébration de la fragrance par des mannequins noires presque bleues sur fond orange vif. On voyage dans un univers masculin d’épices et de couleurs appuyées.
Jean Jacques, nez chez Takasago, est comblé. » Tout créateur de parfum rêve de travailler pour une marque de légende » estime celui qui a conçu Hyperbole avec Antoine Lee.
Les nez ont mis deux mois à formuler cet oriental épicé en cherchant l’inspiration dans la mémoire de la parfumerie et de ses effluves cultes comme celles de Caron. « Nous avions carte blanche » certifie-t-il. « Nous voulions électrifier, styliser, donner de la verticalité et de la radiance. Les épices fraîches -cocktail de poivres blancs- apportent de l’éclat. La formule courte -6 notes et 4 accords- donne la simplicité ».
Et le nom ? « Hyperbole sonne très Courrèges, il a d’ailleurs été employé à plusieurs reprises par la marque ». Pour mémoire, la ligne de prêt à porter sportswear éponyme est lancée en 1971. L’année précédente, Courrèges Beauté avait sorti « Empreintes », une fragrance aux notes de rose, mandarine et santal, dans un flacon composé d’un cylindre et d’une sphère -que l’on retrouve chez Hyberbole- comme bouchon. « Empreintes » figurera dans la trilogie des parfums les plus vendus en France à cette époque. La Maison commercialisera ensuite « Eau de Courrèges » un parfum féminin aux notes de bergamote, citron vert et menthe, qui connaîtra lui aussi un vif succès. Viendront plus tard « Amérique » (1979), « In blue » (1983), « Sweet » (1993), « Niagara » pour homme (1995). « Génération » verra la jour en 1996 rapidement suivi de « 2020« . Pour les 50 ans de la maison les It « Empreintes » et « Eau de Courrèges » ont été réédités.
Que penser d’Hyperbole ?
Le résultat est assez étrange. Le parfum nous toise, nous défie. Le grand O de plastique qui entoure le bouchon invite à le prendre en main. Les plus audacieuses pourront donc aussi le porter comme micro sac à main 😉
Hyperbole, eau de parfum
72 E 50ml et 92 E 100ml
Disponible du 1er au 15 octobre en avant-première sur les lignes Air France, dans les aéroports et sur le site Courrèges.
http://www.courreges.com