Les aliments ne seraient pas égaux. Il y aurait les normaux et les supers. Un peu comme le runner lamda et le champion olympique.
Il n’existe pas de définition légale ou médicale de la Superfood lit-on sur Wikipédia. Côté dictionnaire, on fait chou blanc dans le Larousse, le Cambridge dictionary se fend d’un bref « a food that is considered to be very good for your health« , des termes repris globalement par son homologue oxfordien.
Paradoxalement, la notion de « super aliment » est omniprésente. Jour après jour on en découvre de nouveaux sur les étals des commerces. Plus il est exotique et biscornu mieux il est perçu. C’est ce qu’on pourrait appeler la revanche du légume super moche. Le légume simplement moche, lui, étant le symbole d’une consommation responsable.
On entend généralement par super aliment, un fruit, un légume, une graine, une algue qui procure un maximum de bénéfices à celui qui le consomme : apports vitaminiques, énergétiques/nutritionnels et effets anti-oxydants. Idéal pour le sportif comme pour le tenant d’une alimentation équilibrée.
Actualité oblige, parlons du Brésil.
Le pays est riche en superfood comme en junk food (mega sodas, tout-frit …)
Noix, gingembre, grenade, noix de coco, curcuma, açai, camu camu, pitanga, guarana … la forêt et les cultures d’ingrédients ancestraux apportés par les vagues de migrations font du Brésil un éden de la super good food.
Tandis que l’absence d’étiquetage légale de présence de pesticides et autres joyeusetées, la pauvreté et les mauvaises habitudes alimentaires sacrent la super bad food.
La Noix du Brésil
De tous temps, la noix du Brésil a été utilisée par les indiens d’Amazonie pour l’alimentation (noix) et le chauffage (coques). Aujourd’hui, elle a aussi sa place dans les cosmétiques (huiles).
Riche en acides gras insaturés, en minéraux (cuivre, magnésium, calcium, manganèse, potassium, phosphore, fer, zinc) et source de phytostérols (lipides présents dans les plantes), la consommation de noix du Brésil est surtout recommandée pour son apport en silicium aux propriétés « anti-oxydante » et « anti-radicalaire » en synergie avec les vitamines E, A et B1. Et en sélénium favorisant le bon fonctionnement des hormones thyroïdiennes. Très calorique, il est déconseillé d’en manger plus d’une ou deux par jour.
La Noix de Coco
Ce n’est pas une spécificité du Brésil. mais qui dit plage des Caraïbes dit en général cocotier. Et au Brésil, le balnéaire a rang de culture. Plus fort : le prix de la noix de coco est l’équivalant du prix de la baguette en France. Plus près de nous, en 2015, l’eau de coco occupait la tête des superettes trendry et squattait les events. C’était le super aliment du moment. On va donc parler de la noix de coco. Obligé !
Quid de ses propriétés ? Quand le fruit mûrit, cette eau (désaltérante) se transforme en chair que l’on peut faire sécher et couper en lamelles, c’est le coprah.
Comme la noix du Brésil, la noix de coco a bon goût. On aurait tendance à en abuser. Ne succombez pas à la tentation. Toujours à l’instar de sa presque homonyme, elle est très calorique. Riche en fibres (potassium, magnésium, fer), ce fruit facilite le transit et procure un sentiment de satiété. Il ne mérite pas sa mauvaise réputation de réservoir de cholestérol car sa haute teneur en acides gras saturés est compensée car la présence d’acide laurique booster de bon cholestérol (HDL).
Bref, elle a tout bon sauf pour les grands sportifs qui devront se réhydrater autrement qu’avec de l’eau de coco. Pourquoi ? En transpirant on perd beaucoup de sodium et de potassium. Or, si l’eau de coco contient énormément de potassium (à côté la banane est une petite joueuse), elle fait figure de pauvresse côté sodium avec seulement 30 mg par tasse.
Le Guarana
Étrange avec ses fruits aux grandes prunelles noires cernées de rouge, le guarana est un arbuste connu depuis l’époque précolombienne (il y a plus de 3000 ans). Les Indiens Tupi-Guarani utilisaient ses graines pour combattre la fatigue et contrôler l’appétit. La plante fut commercialisée en Europe à partir du 18ème siècle.
Le guarana est un concentré de principes actifs. Le plus connu est la guaranine qui contient 4 à 7 fois (c’est vaste) plus de caféine que le café noir sans ses effets secondaires. À la guaranine il faut ajouter des acides gras essentiels, des alcaloïdes, des vitamines ( A, B1, B3, E et PP …), des minéraux (fer, phosphore, potassium, calcium, zinc, cuivre, magnésium. Côté oligo-éléments citons dont le sélénium, le strontium et le germanium.
Les bienfaits de la plante « avec des yeux comme des personnes » comme l’appelait les Indiens, vont de l’augmentation de la concentration et de l’énergie, aux effets astringents (le guarana contient aussi des tanins), en passant par la stimulation de la mémoire, la régulation intestinale et celle de l’appétit (liste non exhaustive).
La Pitanga
Comme le guarana, la pitanga et le camu-camu ont été « baptisés » par les premiers habitants du Brésil, les Indiens Pitu-Guarani.
La pitanga ou « cerise de cayenne » est une baie d’un rouge chatoyant (pitaga signifie « rouge » en Tupi) qui pousse sur un arbre des forêts atlantiques dont la hauteur peut atteindre 10 m et dont la circonférence varie entre 30 à 45 cm.
Ses feuilles couvrent traditionnellement le sol avant les processions et parfument les bains. On en extrait des huiles essentielles aux vertus aromatiques.
Le fruit contient des fibres, du calcium, du phosphore, du fer, de la niacine (vitamine B3 ou PP intervenant dans le métabolisme des glucides, la régulation des hormones …), du riboflavine (vitamine B2 capitale dans le métabolisme des glucides, des lipides et des protéines), de la thiamine (vitamine B1 essentielle au métabolisme énergétique et au fonctionnement du système nerveux central), de la vitamine A et C.
Utilisée dans l’industrie cosmétique, la Pitanga est aussi indiquée contre le diabète et pour réguler la tension artérielle.
Le camu-camu
Ce fruit ovale violacé issu d’un arbre d’Amazonie contient plus de vitamine C que tous les fruits existants.
Il sert à la confection de sorbets, de jus mais aussi de liqueurs …
Le camu-camu est célébré pour ses vertus astringentes, anti-oxydantes, anti-virales, amaigrissantes, anti-inflammatoires …
Le Tucuma
On trouve le tucuma sur un palmier à feuilles pennées du nord du Brésil. Son tronc peut atteindre 20 m de hauteur. Vertige …
Le fruit ovale et orange de la taille d’un abricot est connu pour ses propriétés nutritives. Il est consommé nature, en jus, sorbets, liqueurs, pâtisseries…
Le tucuma est apprécié dans le domaine esthétique. Le beurre obtenu par pression des fèves est utilisé traditionnellement au Brésil pour le bien-être de la peau et les soins capillaires. Ses protéines étant similaires à celles des cheveux peuvent pénétrer facilement et nourrir en profondeur.
L’Açai
Terminons par la star du moment : l’açai surnommé « l’arbre de vie brésilien ».
Ce petit fruit rond et violet foncé pousse sur un palmier du Nordeste brésilien.
Il est riche en vitamines (A, B1, B2, B3, C et surtout E), en huiles à haute teneur en polyphénols (micronutriments possédant des propriétés antioxydantes), en calcium et fer et en oméga (3,6,9).
On le consomme en sorbet et sous forme de poudre énergétique que l’on peut incorporer à la boisson de son choix.
Anti-oxydante, anti-âge, la consommation d’açai serait également bénéfique au système immunitaire, combattrait le cholestérol et les troubles digestifs.
Voilà pour le petit tour d’horizon de la top food au Brésil. Pour un plus large panorama voir par exemple le site brasilazur (qui ne traite pas que des It aliments) http://www.brasilazur.com/2013/10/dictionnaire-des-fruits-du-nord-et-du-nord-est-du-bresil/
Il faut savoir que la notion de superfood est contestée. On dénonce son côté marketing. On pointe le manque de définition officielle. On met en avant les limites des études. Elles ne sont généralement pratiquées qu’en laboratoire, sur les animaux, ne prennent pas en compte les combinaisons alimentaires … Dans la nomenclature médicale, seule la spiruline fait l’objet d’un article de l’OMS reconnaissant ses vertus.
Les partisans du Slow Food soulignent pour leur part que la consommation de produits régionaux est mieux adaptée à la protection de l’environnement (et du porte-monnaie). Ils mettent en avant les vertus des aliments « non exotiques » : poireaux, brocoli, épinard, carotte, pomme, betterave, noix, myrtille, basilic, ortie, pollen, miel, algues locales, raisins (pépins), avocat, avoine …
Pas faux.
Pas d’exclusion pour autant.
L’usage millénaire de certains aliments comme le guarana en légitime largement l’usage.
Se régaler, ou agrémenter son assiette (ou son mud) de quelques curiosités n’a rien de désagréable.
La Superfood du bout du monde (pour les Européens) permet aussi de découvrir d’autres saveurs. Un bien pour l’esprit (curiosité) comme pour les papilles.
Allez faites tourner les baies de goji.